Le mini buzz, ou ce qu’est devenu le journalisme de nos jours
Le mini buzz survint autour d’une vidéo présentant un saut dans la Seine du haut d’un pont.
Bien que le nombre de vues soit très modeste par rapport au hold-up réalisé par la reprise de la Mano Negra, c’est la rapidité avec laquelle ces quelques milliers de vues s’accumulèrent qui fut remarquable.
En furent responsables les partages sur les réseaux sociaux (langage de bâtard !), mais surtout un article publié sur un site d’actualités, dont voici le texte :
« L’exercice est dangereux : des décès ont lieu régulièrement suite à des chutes dans la Seine. Le choc thermique peut être redoutable. En outre, les courants sont forts, et peuvent être accentués par les passages des bateaux. Sans compter que la baignade est interdite parce que l’eau est trop sale. Autant dire que se baigner de la Seine présente tous les risques. Cela n’a pas empêché un jeune homme de se filmer sautant à l’eau au coeur de Rouen, sans doute en été. La vidéo a été postée sur le web il y a quelques jours. Le casse-cou s’en sort indemne et fuit à vélo pour éviter d’être pris par les forces de l’ordre. N’essayez surtout pas de l’imiter. »
Arrêtons-nous un instant, car nous avons ici une belle démonstration de ce qu’est devenu le journalisme moderne.
En réalité, pour tenir un blog d’info tel que celui-là, il n’est évidemment plus nécessaire d’avoir une carte de presse (qui n’était déjà le gage d’aucune qualité). Il suffit d’arpenter Google, Youtube et Facebook pour concocter la petite dose d’articles du jour, sans connaître rien à rien, sans croiser les infos et sans faire de véritable recherche sur le sujet.
Car :
En ce mois de septembre, l’eau était à 21°C, température très confortable qui ne permet pas de redouter le choc thermique, en tout cas pas plus que dans n’importe quel autre contexte de baignade (déjà qu’on ne chiale pas quand la mer est à 16°C).
Le moment du saut a été choisi en fonction des marées (et oui, y a même des marées sur la Seine), plus précisément en début de marée haute, d’une pour avoir une bonne profondeur d’eau pour la réception, et de deux pour que, à ce moment nommé « étale », les courants s’annulent.
Mais la cerise sur le gâteau demeure le « N’essayez surtout pas de l’imiter ». Un grand classique de prévention… Bah pourquoi tu relaies l’info mon p’tit père ? Si ton soucis c’est vraiment la sécurité des gens ? Parodie d’éthique qui a toujours son petit succès.
On pourrait alors m’accuser de « cracher dans la soupe » en me désolidarisant ainsi de ce qui engendra le buzz… Ce à quoi je répondrais :
Déjà la soupe, c’est dégueulasse. Pis j’ai rien demandé. Pis on m’a pas demandé mon avis pour reprendre ma vidéo sur un article. Donc il se trouve juste que ça m’a bien fait marrer, sur plusieurs plans, mais que si c’est de la merde, bah faut bien le dire quand même !
La vidéo en question :