Le spectacle de la honte

« Bides en Scène » par les merveilleux Eddy et Loizo.

Le nom est lâché.

Il est donc temps de jeter un petit coup d’œil sur ce que fut cette formidable horreur.

La naissance du projet fut plutôt simple :

« ― Dis-donc, si on faisait un spectacle tout pourri ?

― Ah ! Ah ! Mais on mettra quoi dedans ? Pis on n’a pas de salle !

― On n’en a rien à branler.

― Bah ok alors ! »

Le destin était alors en marche.

L’idée, contenue dans le nom du spectacle, était d’enchaîner les sketchs foireux et les blagues pourries. L’objectif était double : faire marrer potes et famille devant ce fiasco, et faire vivre l’horreur à de potentiels spectateurs inconnus qui ne pouvaient s’attendre à ce sur quoi ils allaient tomber.

Et le fait que nous n’avions jamais écrit quoi que ce soit auparavant, jamais fait de théâtre et que nous étions encore moins monté sur une scène, devait nous garantir le succès dans notre entreprise.

Pour ce qui fut de trouver une salle, la solution fut toute trouvée : nous étions étudiants.

Or tout étudiant à la fac avait le droit de demander l’accès à la salle de spectacle, fournie avec le régisseur en prime (Ah ! Ah !).

Mais avant tout, il fallait déposer un dossier au département concerné, et avoir ensuite un entretien avec la directrice… Ce fut la cause de notre premier fou rire.

Il fallait fournir le script intégral. Or, déjà que les minables sketchs joués en live étaient dégueulasses, le rendu écrit dépassait tout simplement l’entendement (les flots d’insultes se disputaient la vedette avec le pipi-caca).

Voilà pourquoi, quand il fallut nous présenter dans le saint bureau après étude du projet, nous avions tellement rit auparavant que les larmes dans les yeux et les contractions abdominales incessantes nous interdirent tout bonnement de pouvoir communiquer.

« ― Bonjour Messieurs.

― …

― Vous allez bien ?

― …

― Apparemment non.

― …

― Qu’est-ce qui vous fait rire comme-ça ?

― …Désolés…

― Vous aurez quand même la force de pouvoir discuter un peu ?

― …Oui… enfin… non… désolés… on peut remettre ça ?

― Hum… euh oui, d’accord. Rendez-vous demain à la même heure. »

Ce fut donc notre premier contact avec le monde du spectacle.

Il fallut donc se re-pointer le lendemain.

Sauf que c’était encore beaucoup trop marrant pour nous, et le fou-rire nous reprit à l’ascension des escaliers qui menaient au bureau. Il fallut faire une halte et arriver 5 minutes en retard, le temps de reprendre nos esprits.

« ― Bonjour Messieurs. Vous allez mieux aujourd’hui ?

― Un peu…

― Très bien. Bon alors, vous êtes là pour « Bides en Scène » hein ?

― (rires, bah oui, ce nom nous faisait marrer) Tout à fait.

― Bon je vous le dis tout de suite, comme vous êtes étudiants, et bien je vous donne d’office l’accès à la salle. Seulement, quand ils ont appris ça, mes collaborateurs m’ont dit « Mais vous avez lu le script ? C’est affligeant, il ne faut pas laisser faire ça ! »

Nouveau fou-rire incontrôlable, c’était trop pour nous.

S’en est suivi une négociation houleuse et interminable (plusieurs mois) concernant le jour et l’heure du spectacle. Leur plan était simple pour passer sous silence le plus possible notre œuvre : la faire jouer l’après-midi. Or nous ne voulions pas d’une animation de goûter, mais bien d’un prime-time ! Chose que nous avons finalement obtenue.

L’heure de la promo était venue, et notre pote Barbara, amateur de bide, nous invita même dans son émission de radio ! Cela nous permit de montrer à quel point nous étions mauvais.

Une dernière précision concernera la répétition unique qui eu lieu l’après-midi même.

C’est là que nous rencontrâmes le régisseur de la salle, qui vécut un véritable calvaire.

« ― Mais vous croyez que ça va faire rire ça ?!

― Euh ouais. Envoyez plutôt Daniela après "Que t'as pété bah oui."»

Sans plus tarder, un petit extrait qui fait partie des moments les plus regardables…

Précisons que la meilleure vanne du spectacle fut de faire payer l’entrée.

Pour les courageux, l’intégralité du spectacle est sur Youtube.